Aeromag : donner des ailes à l’innovation
Au moment de sa création, en 1994, Aeromag avait l’ambition d’opérer une petite révolution dans le processus de dégivrage des aéronefs décollant de Mirabel. Trente ans plus tard, l’entreprise est présente dans 17 aéroports à travers le monde et est devenue un véritable moteur d’innovation au sein de l’industrie aérienne. Comment la responsabilité environnementale et sociale de ce fleuron québécois lui a-t-elle permis de prendre son envol ?
Oser faire les choses autrement
Au milieu des années 90, Mario Lépine travaillait à l’Aéroport de Mirabel. Il a vu que le dégivrage pouvait se faire de manière plus efficace, et surtout plus sécuritaire », explique Marie-Élaine Lépine, vice-présidente exécutive, Finances, services administratifs et corporatifs de l’entreprise fondée par son père. Avec les procédures en place à l’époque, le dégivrage à moteur éteint entraînait des délais qui pouvait nuire au temps de protection des aéronefs une fois le dégivrage complété. L’avion pouvait ainsi être retardé par un second dégivrage. « Ce qui a distingué Aeromag était sa capacité à dégivrer les aéronefs avec les moteurs en marche en toute sécurité. »
Cette approche novatrice préfigurait déjà l’esprit d’innovation qui ferait de la jeune entreprise une pionnière de son industrie. « Dès 1997, Mario avait en tête qu’un jour, le produit dégivrant pourrait être recyclé », confie celle qui, avec son frère Gabriel Lépine, forme la relève de l’entreprise familiale.
Une industrie innovante sans compromis sur la sécurité
Dans un secteur hautement réglementé, le dégivrage est un maillon important d’une chaîne de valeur axée sur la sécurité. En aviation, l’innovation est omniprésente, mais doit toujours être subordonnée à la sécurité.
« Les avions bougent vite, les gens au sol bougent vite, mais les innovations doivent passer le filtre de la sécurité et leur mise en œuvre ne doit pas être précipitée », illustre Gabriel Lépine, vice-président exécutif, Opérations et développement.
Il ne suffisait donc pas de mettre au point un procédé de recyclage du produit dégivrant; Aeromag devait également démontrer aux sociétés aériennes et aux autorités aéroportuaires de son efficacité et de sa sécurité. « Ce sont des choses qui ne s’étaient jamais faites avant. Nous avons été les premiers à recycler le glycol à un minimum de 99,5 % de sa pureté afin de le réemployer. »
Un premier centre de recyclage et de réemploi du glycol a vu le jour à Montréal en 2014.
« Le centre de dégivrage centralisé de l’Aéroport international Montréal-Trudeau est une très belle réussite pour nous. On y recycle et réutilise le produit dégivrant, on récupère l’eau et on réutilise l’énergie produite par l’usine pour chauffer la bâtisse. »
-Marie-Élaine Lépine, vice-présidente exécutive, Finances, services administratifs et corporatifs
Aeromag a également développé un puissant logiciel lui permettant de contrôler les paramètres de l’opération de dégivrage dans les moindres détails. Aujourd’hui, elle partage cette expertise avec ses clients et partenaires aéroportuaires.
Des efforts qui ont un effet boule de neige
Forte du succès obtenu à Montréal, l’équipe a exporté son savoir-faire vers d’autres marchés. À Syracuse, aux États-Unis, Aeromag a déployé le plus vaste et plus avancé site de recyclage au monde; des installations permettant de recycler le glycol utilisé dans les aéroports environnants.
Au-delà de leur rayonnement à l’étranger, l’évolution constante du plan d’impact d’Aeromag fait partie des priorités de l’entreprise. Qu’il s’agisse de gagner de précieuses secondes sur le tarmac, d’améliorer les conditions de travail et la sécurité de ses 1700 employés ou d’allonger la durée de vie de sa flotte de véhicules, l’entreprise vise constamment à s’améliorer quant à l’intégration des facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). « Parce que chaque action a un effet boule de neige, que ce soit au niveau du coût, de l’efficacité ou de l’environnement », résume Marie-Élaine Lépine.
Quel est le facteur de succès quand vient le temps d’intégrer les facteurs ESG à ses pratiques d’affaires ?
« C’est facile de faire un plan d’impact par soi-même. Ce qui est important, en revanche, c’est de le faire avec ses parties prenantes. On a passé beaucoup de temps à sonder nos équipes, nos clients et nos fournisseurs de longue date pour connaître les objectifs de leurs propres plans d’impact. Ça nous a aidés à prioriser nos actions et à savoir ce qu’on pouvait faire à court terme et à moyen terme pour les aider. Ce sont eux qui nous ont guidés dans la bonne direction », répond Gabriel Lépine.
Conseils Desjardins
Pourquoi (et comment) devenir une entreprise plus responsable ?
Les indicateurs le confirment : les entreprises doivent entreprendre dès maintenant l’intégration des critères ESG à leurs pratiques d’affaires. « Il ne s’agit pas d’une tendance passagère. Les changements qui s’opèrent sont fondamentaux », affirme Mathieu Talbot, vice-président, Services aux entreprises et Financement corporatif chez Desjardins. Mais comment s’y prendre pour faire le premier pas ?
Pour les entreprises – toutes tailles et tous secteurs confondus – s’engager dans une démarche de développement durable est une question de pérennité. « D’une part, parce que les grands donneurs d’ordres considèrent déjà des critères ESG dans leurs politiques d'approvisionnement et se fixent des cibles qui incluent leurs fournisseurs », mentionne Mathieu Talbot. Les entreprises qui tarderaient à agir pourraient éventuellement être écartées des appels d’offres et des chaînes d’approvisionnement, ce qui aurait un impact direct sur leurs revenus et leur croissance.
D’autre part, les attentes des consommateurs et celles des employés évoluent elles aussi. Les sociétés doivent y répondre afin de maintenir leur compétitivité et leur attractivité sur les marchés.
Le coût de l’inaction
Les PME retardataires risquent de trouver la facture plus salée demain. « On l'a vécu dans les dernières années: l'inflation peut avoir un impact important sur la facture finale des investissements qui pourraient être requis afin de faire pivoter certains éléments de modèle d'affaires pour rendre les entreprises plus durables et résilientes. »
Pour aider les entreprises d’ici à passer à l’action, Desjardins a un rôle d’accompagnement fondamental à jouer et s’est dotée d’équipes spécialisées en finances durables. « Nous cernons les besoins et les objectifs d’affaires des entreprises, tout en aidant à identifier les opportunités et les risques entourant l’intégration des facteurs ESG les plus prometteurs selon la réalité de chacune d’elles. » Mathieu Talbot invite les PME à faire un état des lieux. « Beaucoup d’entreprises adoptent déjà, sans même s’en douter, des pratiques responsables. » En s’entourant des bons partenaires et en identifiant des gains rapides à leur portée, les entreprises peuvent s’engager progressivement vers un avenir plus durable, sans mettre en péril leur santé financière.