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Commentaire hebdomadaire

Ça ne changera pas le monde, sauf que...

17 janvier 2025
Randall Bartlett
Économiste en chef adjoint

La trajectoire des économies américaine, canadienne et mondiale pourrait être modifiée radicalement le 20 janvier. Le risque que d’importants tarifs douaniers à l’importation soient mis en place aux États-Unis peu après le retour de Donald Trump à la Maison−Blanche est non négligeable. La migration vers les États−Unis pourrait être considérablement freinée. Une déréglementation et des baisses d’impôt sont aussi à prévoir, ce qui pourrait, dans le second cas, dégarnir les coffres du gouvernement américain. La hausse des droits de douane pourrait offrir un certain contrepoids, mais une croissance économique plus faible limiterait néanmoins l’augmentation des revenus fédéraux en général. Des barrières tarifaires importantes et des déficits budgétaires plus prononcés stimuleront également l’inflation, ce qui se traduira par des taux d’intérêt plus élevés qu’ils ne le seraient autrement. D’ailleurs, les taux obligataires ont déjà commencé à grimper en prévision de ces développements (graphique 1). Et comme pour tout plan mal défini visant à identifier des économies dans le secteur public, il faudrait attendre de voir les effets d’éventuelles réductions de dépenses avant de juger si elles étaient judicieuses ou non. 


Nous avons beaucoup écrit sur les conséquences économiques potentielles des plans du président Trump pour les États-Unis Lien externe au site. et le Canada Lien externe au site.. En définitive, ces politiques sont susceptibles d’entraîner une stagflation, Lien externe au site. en nuisant à la croissance tout en stimulant l’inflation dans les deux pays. Plus les tarifs douaniers seront élevés, et plus ils seront appliqués tôt, plus les effets économiques seront néfastes Lien externe au site.. Dans notre scénario pessimiste, les droits de douane de 25 % imposés à l’ensemble des exportations canadiennes vers les États-Unis pourraient plonger l’économie du Canada en récession dès le milieu de 2025. Si une telle situation se produisait, l’inflation pourrait atteindre 3 % alors que le taux de chômage grimperait probablement à des niveaux jamais vus depuis la pandémie de COVID-19 (graphique 2). Les effets néfastes des tarifs douaniers sur l’activité économique seraient aggravés par le ralentissement prévu de la croissance démographique et par la vague imminente de renouvellements hypothécaires au Canada. 


Il s’agirait là d’un environnement difficile pour n’importe quel gouvernement au Canada. Mais au fédéral, la situation est exacerbée par la prorogation du Parlement, la course à la chefferie du Parti libéral du Canada et la perspective d’une élection déclenchée dès la fin du mois de mars. Cela laisse un vide dans le leadership fédéral pour une bonne partie du premier semestre de 2025, à un moment où les risques venant des États−Unis sont extrêmes. Celui ou celle qui accédera au poste de premier ministre devra définir une nouvelle orientation économique et fiscale pour le Canada, possiblement dans un contexte de contraction de l’économie et d’accélération de l’inflation. Cette tendance risque d’empirer avant de s’améliorer, de sorte qu’il sera difficile de réduire les impôts ou le déficit sans trouver des économies substantielles dans le cadre budgétaire.

 

En ce qui concerne les provinces, certaines sont plus exposées que d’autres à d’éventuels tarifs douaniers (graphique 3). L’Alberta, la Saskatchewan et Terre−Neuve−et−Labrador pourraient plutôt bien s’en tirer si les exportations d’énergie échappaient aux barrières tarifaires, comme nous le tenons pour acquis dans notre scénario de base. Les produits pétroliers raffinés, l’une des plus importantes catégories d’exportations du Nouveau−Brunswick, pourraient aussi être épargnés. Et si l’Ontario a de la chance, l’intégration étroite de l’industrie nord-américaine de l’automobile pourrait commander une pause dans l’application des tarifs sur les exportations canadiennes de véhicules et de pièces automobiles. Cela dit, même dans un tel scénario, le coup porté aux autres exportations non énergétiques serait très dur Lien externe au site. pour l’économie de provinces comme le Québec, l’Ontario et le Manitoba. Il pourrait nuire aux revenus des gouvernements provinciaux, à un moment où le gouvernement fédéral est susceptible de chercher à réduire ses dépenses. Les provinces plus diversifiées économiquement, comme la Saskatchewan et la Colombie−Britannique, devraient quant à elles mieux résister aux effets immédiats et directs des tarifs douaniers américains. 


Tout compte fait, le deuxième mandat de Trump est sur le point de transformer le paysage économique nord-américain. Nous ne savons pas encore exactement comment, à partir de quand ni à quel point ce sera le cas. Mais de tels revirements se produisent parfois, et les décideurs doivent s’y préparer. En mettant l’accent sur la diversification du commerce international, sur la réduction des barrières au commerce intérieur, sur nos avantages distinctifs et sur la création d’un environnement plus favorable aux investissements, ils pourraient mettre la table pour la relance économique du Canada. 

Lire la publication Indicateurs économiques de la semaine du 18 au 22 juillet 2022

Consultez l'étude complète en format PDF.

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