États-Unis : l’emploi termine 2024 en lion

Les gains des deux derniers mois de l’année 2024, soit 212 000 (révisé de 227 000) en novembre et 256 000 en décembre, présentent une fin heureuse à une année mouvementée. Conflits de travail, puissantes tempêtes, taux d’intérêt directeurs élevés (bien qu’en baisse depuis septembre), sans parler de l’incertitude géopolitique, ont caractérisé 2024, mais ont peu affecté la tendance du marché du travail, du moins selon l’enquête auprès des entreprises. Certes, on a pu voir un ralentissement par rapport à la force des années passées mais, somme toute, le marché demeure relativement robuste. Il reste aussi caractérisé par une croissance soutenue des salaires, avec une variation annuelle de 4,0 %. Le marché du travail américain a su passer au travers des épreuves de 2024. Il reste maintenant à voir comment il réagira à celles qui s’annoncent en 2025.

Les récentes données suggèrent que l’on commence l’année sur des bases assez solides. Le gain de 256 000 en décembre est le plus fort depuis le mois de mars. Il est cependant un peu moins généralisé qu’en novembre. À ce moment, 59,0 % des 250 secteurs répertoriés avaient enregistré une croissance mensuelle de leur nombre d’employés. En décembre, la proportion a diminué à 56,4 %. Les gains du mois dernier proviennent surtout des services alors que l’on remarque des pertes d’emplois dans la fabrication. Les services privés ont créé 231 000 emplois en décembre, la meilleure performance depuis mai 2023. Le gain de 43 400 employés dans le commerce de détail est particulièrement notable. Pour la première fois depuis l’hiver 2022, il s’est créé des postes pendant deux mois consécutifs au sein des services d’aide temporaire, un secteur mis à mal au cours des dernières années.

Même l’enquête auprès des ménages a fait bonne figure en décembre. La création d’emplois y est de 478 000, le meilleur résultat cette année. Cela dit, sur l’ensemble de 2024, l’écart entre les deux enquêtes demeure important. Alors que celle auprès des entreprises répertorie plus de 2 000 000 d’emplois créés, celle auprès des ménages n’en recense que 537 000. Nous continuons de penser qu’étant donné la grande volatilité de cette enquête, le résultat doit être pris avec un grain de sel. Il faudra voir si les révisions à venir pour les deux enquêtes lors de la publication de février aminciront cet écart.

La création d’emplois a terminé 2024 en force et les résultats sur l’ensemble de l’année font plutôt bonne figure. L’année 2025 pourrait se montrer plus difficile, surtout si l’on assiste à une nouvelle guerre commerciale. À l’image de 2024, les intempéries et les désastres naturels pourraient aussi amener de la volatilité, comme nous le rappellent présentement les feux qui sévissent à Los Angeles. Dans un contexte où les dirigeants de la Réserve fédérale se montrent déjà hésitants à poursuivre les baisses de taux directeurs, on peut penser que la bonne tenue du marché du travail en décembre sera un argument supplémentaire pour un statu quo de la politique monétaire à la réunion du 29 janvier.